Située "hors les murs" et bâtie par la volonté des Salonais, la collégiale Saint-Laurent exprime le pouvoir spirituel des archevêques d'Arles. Sa première pierre est posée en 1344 par Jean de Cardonne en lieu et place d'une chapelle auprès de laquelle se trouvait un cimetière.
Suite à de nombreuses interruptions des campagnes de construction (pestes, invasion de la ville par des bandes armés, effondrements), l'édifice est achevé près d'un siècle et demi plus tard, dans les années 1480.
De par son statut de collégiale, son imposante silhouette se veut avant tout un signe visible de l'emprise des archevêques sur la ville, ces derniers ayant toute autorité sur le collège de chanoines qui président aux offices. L'art gothique eut du mal à conquérir la Provence, Saint-Laurent s'en inspire pourtant dans son clocher octogonal, mais surtout par le voûtement de sa nef sur croisée d'ogives, qui permet une élévation importante de l'édifice. Les réminiscences du style roman sont cependant encore très présentes : peu d'évidement de la pierre (contreforts épais, ouvertures réduites- ce dernier constat pouvant aussi s'expliquer par la volonté de protéger l'édifice du mistral et de la chaleur, rareté des décors sculptés).
À l'intérieur, plan et élévation sont remarquables dans leur équilibre: nef unique, sans bas-côtés ni déambulatoire, mais flanquée de 11 chapelles latérales. À remarquer dans l'une d'elles (côté Nord): une majestueuse descente de croix, sculptée et polychrome, d'inspiration bourguignonne et datée du début du XVIe siècle. Cette œuvre n'était pas à l'origine destinée à la collégiale, mais fait partie des éléments qui y furent déposés suite à la profanation, à la Révolution, de l'église du couvent des Cordeliers de Salon.
Il en fut de même pour le Tombeau de Nostradamus, visible aujourd'hui dans la chapelle de la Vierge. La santé du prophète s'affaiblissait depuis longtemps, la grande climatérique était sur lui, et le 2 juillet 1566 il finit sa carrière terrestre.
Son tombeau a été le but de nombreux pèlerinages. Parmi les visiteurs illustres se trouvent deux rois de France, Louis XIII (en 1622) et Louis XIV (en 1660). Ce dernier était accompagné de sa mère, Anne d'Autriche, de son frère, le duc d'Anjou, de sa cousine, Mlle d'Orléans, et du cardinal Mazarin. Le tombeau eut plus tard des visiteurs moins respectueux.
En 1792, les gardes nationaux qui passaient par Salon allèrent à l'église, profanèrent le tombeau du prophète et dispersèrent ses os. On raconte que le soldat qui le premier viola le tombeau fut fusillé quelques jours plus tard pour avoir volé de l'argenterie, ainsi s'accomplit la vengeance de Nostradamus. Sur son sépulcre fut gravée l'épitaphe suivante : « Ci reposent les os de Michel Nostredame, duquel la plume presque divine, a été de tous estimée digne de tracer et rapporter aux humains selon l'influence des astres, les événements à venir par dessus tout le rond de la terre. Il est trépassé à Salon de Craux en Provence l'an de grâce 1566, le second juillet, âgé de soixante-deux ans six mois dix-sept jours. O posteres, ne touchez à ses cendres, et n'enviez point le repos d'iceluy ». La Collégiale Saint-Laurent a été rénovée en 2008.